Qualifié pour la 16e phase finale de Coupe d'Afrique des Nations (CAN) de son histoire, le Sénégal finaliste en 2019, apparaît comme l'un des grandissimes favoris cette année. Des qualifications expédiées, un groupe de joueurs qualitativement encore meilleur, les hommes d'Aliou Cissé ambitionneront enfin être sur le toit de l'Afrique. Des raisons d'y croire ?
Parcours de qualification
Congo, Guinée-Bissau, Eswatini, le chemin vers la CAN du Sénégal ne semblait pas des plus difficile. Résultat final, 6 matchs 4 victoires et 2 matchs nuls. Mais surtout 4 matchs auront suffi pour les Lions de la téranga, qui à la 4e journée, étaient déjà qualifiés pour cette CAN. Une balade donc, où les Lions ont pu démontrer qu'il était quand même difficile de leur mettre un but. 2e meilleure défense des qualifications avec 2 buts encaissés en 6 matchs derrière le Maroc (1 but encaissé), le Sénégal a réalisé des qualifications quasi parfaites. Un parcours marqué par un triplé de Famara Diedhiou, le 17 novembre 2019. Triplé qui démontre, s' il le fallait encore, l'immense potentiel offensif de la sélection galsen.
Si ce parcours statistiquement a été parfait, les lacunes entrevues depuis l'avènement de la majeure partie de cet effectif en sélection ont été encore vues. Le Sénégal a eu du mal à dominer, marquer, et démontrer une supériorité qu'elle a pourtant individuellement. À l'opposé de sélection comme l'Algérie ou le Maroc, les Lions de la Téranga ne savent pas gagner largement, ne savent pas exploser un adversaire. Toujours pourtant bon pour la confiance. Même s'il y a une progression contre les blocs bas, le Sénégal n'a pas été au-dessus largement de tous ses adversaires. Petite crainte pour certains. Le résultat est quand même là. Et même en ne dominant pas, le Sénégal paraît très au-dessus de certaines équipes africaines. De bon augure pour la CAN.
Onze Possible
1- Édouard Mendy ( Chelsea FC )
2- Bouna Sarr ( Bayern Munich)
3- Kalidou Koulibaly ( Naples)
4- Abdou Diallo ( PSG )
5- Fodé Ballo Touré ( Milan AC)
6- Cheikhou Kouyaté ( Crystal Palace)
7- Gana Gueye ( PSG)
8- Keita Baldé( Cagliari)
9- Bamba Dieng ( Marseille) ou Ismaila Sarr si rétabli de blessure (Watford)
10- Sadio Mané ( Liverpool)
11- Boulaye Dia ( Villarreal )
Le joueur à suivre : Sadio Mané
L'eau mouille. Sadio Mané sera notre joueur à suivre de près côté Sénégal. Auteur d'une saison statistique plutôt bonne cette année, le joueur apparaît néanmoins depuis bientôt 1 an comme un autre joueur. En difficulté dans le dribble, dans sa capacité à créer des différences balle au pied, Sadio Mané a réussi à enrayer sa série de 9 matchs sans but en Premier League avec Liverpool en marquant contre Chelsea. Une bouffée d'air frais, on l'espère, pour l'atout maître du Sénégal. Auteur d'une CAN statistiquement excellente en 2019, le joueur n'avait pas pu amener son pays vers le titre suprême. Alors la CAN 2021 a été sûrement cochée sur le calendrier. Le Sénégal aura besoin dans les moments clés de son meilleur joueur. Et s' il voudrait devenir incontestablement le plus grand joueur de l'histoire de son pays, Sadio sait ce qu'il lui reste à faire. Là où les anciens ont échoué, il se doit d'amener son pays vers le titre suprême.
Les questions à se poser
Que manque-t-il au Sénégal pour gagner un titre ?
Y-a-t-il eu des éléments de progression depuis 2019 qui nous font dire que cette équipe est meilleure ?
Finaliste en 2002 puis en 2019, le Sénégal a été deux fois tout près du Graal suprême sur le continent. Mental faible, manque d'expérience dans les moments clés, manque de chance, les arguments utilisés pour expliquer ses résultats peuvent tous avoir une chance. Néanmoins quand un événement se répète souvent, que t'es le pion qui perd à chaque fois que ça compte, poses toi des questions. L'idée serait d'aller en profondeur, pour voir d'où vient cette incapacité à conclure une domination apparente depuis quelques années sur le continent. No 1 au classement CAF depuis désormais 3 années ( nouveau record africain), le Sénégal a sur le papier sans distinction l'effectif le plus quantitatif, le plus dense et le plus qualitatif. De Edouard Mendy, à Sadio Mané en passant par Gana Gueye, les Lions de la téranga disposent d'une ossature de joueurs ayant gagné des trophées importants au haut niveau de club. Le football étant éloigné des mathématiques, le Sénégal n'a toujours pas pu matérialiser cette apparence supériorité individuelle, en une consécration collective.
La finale 2019 est passée par là, et a nourri des regrets encore plus grands à toute une nation qui n'attendait que de conjurer le sort. Ce contre de Sané, cette frappe de Bounedjah, cette position un peu suspecte de Gomis dans les buts, les fautifs ont d'abord été recherchés. Pour comprendre, essayer d'expliquer, rationaliser cette défaite. Car le contenu n'était pas si mauvais. Alors certes, une finale, ça se gagne avant tout et cela qu'importe la manière. Mais les lions de la teranga avaient ce jour-là essayé, tenté, mais étaient alors tombés sur une équipe avec du cœur, peut-être plus soudée, et qui avait cet unique but: gagner.
Le schéma a été alors simple : se réfugier dans le travail, repartir de nouveau à la recherche de ce trophée. Le modèle est compris, les qualifications ont été une nouvelle promenade. D'aucuns diront que cette opposition, trop facile n'est pas bénéfique pour la progression du Sénégal. D'autres, plus optimistes pointeront du doigt la capacité à gagner qu'importe la manière. Dans les deux cas, le Sénégal a avancé, fait des ajustements. Aliou Cissé a été de nouveau critiqué, questionné sur sa capacité à amener ce groupe vers un titre. Lui qui y avait déjà échoué en tant que joueur. Tactiquement, l'introduction de Boulaye Dia au poste d'avant-centre a été une des attractions des derniers matchs de qualification à la Coupe du monde du Sénégal. Famara Diedhiou, Habid Diallo, se sont tout autant distingués au poste d'avant centre ces trois dernières années. Signe d'une sélection qui progresse, et surtout signe d'une plus grande diversité de choix pour le sélectionneur Aliou Cissé. De Mbaye Niang, quasiment unique vraie solution au poste de 9 en 2019 à cette diversité actuelle, le Sénégal a affiné son groupe. Les arrivées de joueurs comme Abdou Diallo, Bouna Sarr ou encore le jeune Bamba Dieng vont dans la lignée d'une groupe au complet encore plus talentueux que par le passé.
A-t-on vu des progrès collectifs dans les qualifications à la CAN et à la CDM ? Difficile d'y répondre car la victoire a été très souvent au bout. Alors critiquer une équipe qui gagne souvent, est difficile. Car si la sélection est capable de rééditer ce genre de performance à la CAN et gagner sans forcément bien jouer, persuadé que tout le peuple sénégalais serait néanmoins satisfait. Alors oui, le Sénégal collectivement n'est pas l'équipe la plus au point du continent, concédant encore beaucoup trop d'occasions aux adversaires, pourtant beaucoup plus faibles sur le papier. Les derniers matchs de qualification à la Coupe du monde ont néanmoins pu rassurer sur une entente de plus en plus intéressante entre Dia et Mané. Véritable chef d'orchestre en sélection, Sadio Mané semble s'entendre parfaitement avec son numéro 9. Dans un groupe en compagnie du Zimbabwe, la Guinée voisine et du Malawi, le Sénégal apparaît comme l'immense favori. Les phases de poules ne devraient donc pas nous apprendre grande chose de nouveau sur la supériorité du Sénégal par rapport à ces sélections.
Match 1: Sénégal vs Zimbabwe
Match 2 : Sénégal vs Guinée
Match 3 : Malawi Vs Sénégal
Pronostic du rédacteur
Vainqueur
L'analyse des objectifs du Sénégal est simple, gagner. Rien d'autre. Comme l'a souligné le président du Sénégal il y a quelques jours, " ramener la coupe". Nous, on a envie d'y croire. Croire que cette équipe aura appris des échecs de 2017, 2019. Croire que cette équipe est beaucoup plus équilibrée que les précédentes. Croire surtout que quand on force la chance, elle finit souvent par nous sourire. Comme les Milwaukee Bucks champion NBA cette année, mais dominateur de la NBA en saison régulière depuis 3 ans sans jamais parvenir à gagner. Faire les ajustements qu'il faut, ne pas abandonner dans l'adversité et savoir répondre présent quand il faut, le Sénégal sait le plan à suivre pour espérer prendre cette couronne à l'Algérie. Les deux équipes semblent encore au-dessus des autres. Au jeu de la cohérence, l'Algérie semble encore plus forte. Mais parce qu'il faut être deux pour faire une bonne salsa, parce qu'il faut un magnifique perdant pour comprendre la valeur d'un beau gagnant, le Sénégal a appris par les pleurs en 2019. En espérant qu'en 2021, la pièce tombe désormais de l'autre côté.
